Malgré les persécutions et les souffrances, la puissance spirituelle de la tradition juive fortifia les juifs qui sont demeurés – plus que jamais – forts dans leurs convictions et leur détermination d’assurer leur pérennité, quel que soit le prix à payer. Cet entêtement, malgré des conditions de vie très difficiles, contribua encore un peu plus à exacerber la haine à leur égard. Cependant, la ferme volonté manifestée par les juifs – ainsi que leur refus de se diluer dans la masse et disparaître – effraya leurs ennemis, ce qui incita ces derniers à intensifier leurs attaques. En réponse à la haine, les juifs ont développé une qualité très particulière, à savoir : l’adaptation. Pour répondre à leurs ennemis, ils ont développé des moyens de défense dont le principal consiste à être les premiers en tout. C’est le juif qui a contribué au développement du commerce international – c’est lui qui inventa la lettre de change qui allait être par la suite à l’origine de la banque – c’est lui qui se distingua dans les sciences, la musique, la finance et dans bien d’autres disciplines. En cent ans le peuple juif a donné au monde quatre vingt deux prix Nobel, le monde musulman en a donné deux. Cette réponse juive aussi brillante fût-elle a encore fixé ses ennemis dans leur haine structurelle.
Dans un livre récent, la psychanalyste Béla Grumberger a écrit : “Ce qui unit dans une sorte de religion les antisémites 'offensés du narcissisme' est une certaine interprétation de leur blessure primordiale que leur offrent deux mille ans de culture chrétienne, même si parmi eux nombreux sont ceux qui ne se réclament pas directement du christianisme. Hitler – grand blessé narcissique – en est un exemple parmi d’autres ; il déplaça la responsabilité de sa frustration sur les juifs, culturellement tout désignés comme boucs émissaires. Ce rôle leur fut assigné du temps du nazaréen et en constitue l’héritage ; la blessure narcissique obligatoire est en effet permanente. Le judaïsme ne persiste-t-il pas dans son refus de confondre un homme avec une divinité ? Ne continue-t-il pas de contester la magie toute puissante du saint esprit ? … Voilà le juif ainsi définitivement 'marqué', responsable de toutes les blessures narcissiques à venir, déplacées sur celle que reçut le nazaréen et les premiers chrétiens.'"
Cet antisémitisme chrétien et islamique a fini par envahir la psychologie des juifs. Comme tous les persécutés, les juifs se sont culpabilisés et ont cherché les causes de la haine – dont ils sont victimes – en eux-mêmes. Ce phénomène s’est produit aussi lors du déclenchement de la seconde intifada. Les israéliens s’accusaient eux-mêmes d’avoir été à l’origine du soulèvement des palestiniens en allant sur l’Esplanade du Temple, comme si ce lieu était la stricte propriété des palestiniens. Il ne manquait plus qu’à demander pardon aux assassins d’enfants et de civils.
L’avènement de l'État d’Israël a modifié la structure mentale et des juifs et des nations. Cependant, la haine du juif est tenace ayant des racines tellement profondes. Afin de dissimuler un antisémitisme structurel, on a opéré un transfert sur le sionisme. Désormais, en attaquant le sionisme et en plaignant les pauvres palestiniens, on peut continuer à tuer le juif sans aucun problème de conscience.
En guise réponse au titre de cet article, on peut dire que la haine du juif est structurelle aux nations. Israël est le seul peuple qui a accepté de pratiquer la Tora. Cette Tora a été promulguée au mont Sinaï. L’étymologie du mont Sinaï a pour racine hébraïque “SANO” qui signifie “haïr”. Autrement dit, quand le peuple d’Israël a accepté la Tora – en s’engageant de respecter ce qui y est écrit – il a de ce fait attiré la haine des nations contre lui. Il ne faut donc pas craindre cette haine qui n’est rien d’autre qu’une atteinte au narcissisme des nations.
Rabbin Haïm HARBOUN
Auteur du livre “Les voyageurs juifs du 16e siècle” aux éditions Massoreth.
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