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mercredi 7 janvier 2009

PARACHAT VAYEHI



Dans cette paracha,la dernière du livre Béréchit qui clôt l'enseignement sur ces bases de l'existence, c'est la confiance totale en la bonté de l'autre qui nous est enseignée, et l'assurance que la règle qui fera la régulation de nos relations sera la guémiloute 'hassadim, le don de bonté. Comment l'apprenons-nous ?
La fin de la vie tient une place importante dans toute cette paracha qui est la dernière du livre Béréchite.
Yaâqov, dans l'état de faiblesse absolue et de dépendance absolue qui est celle de tout humain quand il s'approche de la mort, demande avec supplication à son fils ce qui sera alors essentiel pour sa dignité et dont il ne pourra avoir comme garantie que l'attitude filiale de bonté vraie et gratuite.
Il dit :
1) "si j'ai trouvé grâce à tes yeux, place, je te prie" (quelle descente vers l'état d'humiliation que de devoir ainsi supplier ses enfants avec précaution et prudence...)
2) "ta main sous ma hanche" (procédure pour jurer qu'on accomplira ce que l'on dit ; aussi, la simple promesse ne peut être une garantie suffisante : preuve encore de la dépendance totale)
3) "et agis envers moi avec bonté et vérité" (appel aux qualités les plus hautes, idéales, fortes et contraignantes de l'autre, du fils)
4) "ne m'ensevelis pas en Egypte, mais tu m'enseveliras dans le sépulcre de mes pères à 'Hévrone" (enfin, après ces précautions émouvantes et pénibles, Yaâqov peut formuler sa demande)
5) il ajoute encore : "jure-le moi (comme si tout cela n'était pas suffisant) ; et il est dit que, alors, Yosséf le lui jura. (réalisons bien que Yosséf ne proposa pas de soi-même à son père de faire tout ce qu'il allait lui dire).
Cette séquence est-elle un réalisme pénible à constater, est-elle au contraire le bon scénario pour assurer la dignité de celui qui est faible que de lui laisser exprimer avec force et de lui-même ses propres volontés ?
Il faut réfléchir à ces différentes options possibles.
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La bonté gratuite et immédiate, la guémiloute 'hassadim

Définition
Cet épisode nous enseigne une "midda" (une qualité essentielle du comportement) : Yosséf accomplira par "tendresse gratuite" ce souhait et cette demande de son père qui est faible et mourant; c'est cela la guémiloute 'hassadim : un geste bon et gratuit important au cœur ou au corps de quelqu'un et que l'on accomplit alors même qu'il ne le saura pas, ou ne l'exigera pas, ou quand il n'y a pas assurance de récompense quelconque. Il n'y a pas à hésiter, quels que soient les hésitations ou les risques (surtout ceux de la médisance des égoïstes qui se sentent coupables et des méchants, voir ce lien).
C'est là le signe de l'amour vrai, et cela doit s'accomplir chaque fois que quelqu'un est véritablement en besoin, affectif, matériel, physique, moral, spirituel. Cette mitsva consiste à "agir envers quelqu'un avec bonté et cohérence totale avec la vérité".

Le prototype de cette qualité :
L'acte le plus désintéressé qui est le prototype de tout cela, c'est la tendresse que l'on doit manifester envers le défunt car on ne pourra pas attendre des mots de reconnaissance en retour : véassita îmadi 'héssed véémete (tu feras pour moi bonté et vérité, 'hésséd véémete) : cela est expliqué dans Béréchite Rabba 96 et par Rachi sur Béréchite 47, 29 ; ces deux derniers mots 'hésséd véémete sont une formulation faisant partie des 13 middotes qui caractérisent Hachém dans son action envers nous ; c'est dire la grandeur de ce comportement que nous pouvons vivre ; de façon constitutive, il est divin.
Alors, l'homme ressemble parfaitement à son Créateur qui l'a fait à Son image et à Sa ressemblance. Bien plus, "le monde repose sur trois choses: la Torah, la âvoda (prière) et la guémiloute 'hassadim" nous disent dès le début les Pirké avote, les Principes des Pères 1,2).
L'effort pour se renforcer (it'hazeqoute)
Le patriarche Yaâqov sent qu'il est sur le point de mourir. Il est épuisé ; effectivement, quelques instants plus tard il mourra. Entre temps, il nous donne quelques leçons de courage et des exemples à suivre dans les épreuves plus petites de la vie :
- il ose faire à son fils la demande qui lui est importante, puis il ose prendre encore toutes les précautions qui assureront le respect de la promesse. (Peu de parents osent faire face à leurs enfants, à tous âges).

- quand son fils Yosséf vient alors le voir, Yaâqov se hausse à son plus haut niveau spirituel nommé "Israël".

- de plus, il "recueille ses forces" disent les traductions ; il prend sur lui-même et il se renforce soi-même selon la forme réfléchie de ce verbe véyit'hazéq, et il s'assied sur le lit : il veut être digne, il veut faire respecter ce qu'il a à dire, même si ses forces défaillent.

Le Baâl hattourim (voir ici dans le lexique) fait remarquer que les justes, les tsaddikim, même quand ils sont faibles, veillent à se surmonter tandis que les méchants, les réchaïm comme Amane, même quand ils sont puissants, se laissent aller.

Ne pas oublier chacun de ces enseignements dans les épreuves réelles de l'existence qui sont des petits passages, en comparaison de ce moment vécu par Yaâqov. Et c'est par cela que l'on transmet aux enfants les forces nécessaires pour vivre.
Le Traité Bérakhote, page 32 b, donne des éclairages généraux sur ce comportement d'auto-renforcement (it'hazeqoute) qui nous est demandé par la Torah :

1)il remarque combien Moché était persévérant et obstiné dans la prière au point que D.ieu lui a dit finalement, selon le middrache : "tu M'as fait revivre par tes paroles", hé'hiyétani vidévarékha. Et cela, bien que la prière longue qui mobilise une espérance et une méditation continues, est déconseillée car elle épuise tout le corps.

2)la Torah n'est pas un arbre de vie que pour ceux qui l'étudient-seulement, mais elle l'est pour ceux qui l'étudient et l'appliquent (Michlé, Proverbes 3, 18).

3)Ribbi 'Hama bar 'Hanina dit que si la prière n'a pas été exaucée, il faut la recommencer, selon le verset du psaume 27, 14 : "espère en Hachém, prends courage, fortifie ton cœur et espère encore en Hachém", qavé él Hachém 'hazéq véyaaméts libékha véqavé él Hachém.

4)les Sages ont enseigné que 4 choses exigent de nous que nous renforcions ainsi nos forces et notre cœur (arbaâ tsrikhim 'hizouq) : pour la Torah, pour les mitsvotes, pour la prière, et pour le comportement de bonne sociabilité envers autrui, le dérékh érets. Ils citent les versets qui le prouvent ; pour les dérékh érets, on le sait du verset de II Samuel 10, 12 : "Sois vaillant et combattons vaillamment pour notre peuple" ('hazaq vénit'hazaq béâd âménou).

Cela nous montre que
1)cette attitude de dérékh érets (comportement bon envers autrui comme règle sociale maintenue avec exigence), que nous enseigne Yaâqov à cette heure, n'est ni spontanée ni facile,
2)elle est essentielle puisqu'elle est mise au même rang que la Torah, les mitsvotes et la prière,
3)notre peuple en a un besoin impérieux au point qu'on nous la prescrive. Aujourd'hui, c'est une urgence vitale car, si nous ne redressons pas, nous courrons à notre perte comme d'autres fois dans l'histoire à Jérusalem. Lisons l'appel pour réagir.

Cet auto-renforcement (it'hazeqoute) est donc pour nous une mission impérative, et cela même si elle nous demande un effort considérable ; l'exemple des efforts extrêmes accomplis en ce sens par notre patriarche Yaâqov à la fin de sa vie, à l'heure des extrêmes faiblesses, nous rendrait peu fiers si nous nous en dispensions.
Les sources de notre vitalité incessante
Des commentateurs pensent que l'un des symboles de cette force, de ces efforts ou de la vaillance de nos patriarches, nous est montré par le fait que leurs emblèmes sont, pour la plupart, des animaux. En effet, le Traité Sota 11 b, à propos des sages-femmes hébreues en Egypte, rapporte qu'elles dirent au Pharaon que les femmes accouchent ainsi parce que cette nation ressemble aux bêtes sauvages ('hayotes); E. Munk rapporte que ce peuple, selon Rabbi Chmouél Edels (le Maharcha, 1555-1631 ; voir le lexique) se maintient "comme des forces élémentaires qui ne sont jamais affectées par les tares de la société et de la civilisation", ainsi qu'il en est des espèces animales. Cette puissance interne, caractérisée par sa constance et son inamovibilité, se trouve effectivement dans les espèces animales et pas habituellement chez les hommes. Et c'est une caractéristique du peuple juif.

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