Nous débutons cette semaine la lecture du troisième livre de la Torah, celui de VAYIKRA - LEVITIQUE. La tradition intitule ce livre TORAH KOHANIM, car il concerne en grande partie les règles que devaient respecter les prêtres, chargés notamment des sacrifices en tous genres autrefois offerts dans le Tabernacle du désert ou dans les deux Temples, à l’époque de leur existence. Il s’agit aussi de questions de pureté, celles-ci étant toujours applicables de nos jours encore. Comme autrefois, les prêtres, les COHANIM gardent encore certaines prérogatives mais aussi certaines restrictions relatives à leur vie privée, interdiction de pénétrer dans un cimetière, d’épouser une femme divorcée ou d’origine non-juive par exemple.
Nous allons nous arrêter à présent sur cette notion de sacrifices, constituant l’essentiel de ce livre. Le livre début par le texte suivant : « Lorsqu’un homme parmi vous offrira un sacrifice à D.ieu... » (Lévitique I, 2) Ce terme de sacrifice est traduit en hébreu par KORBANE, dont l’étymologie signifie se rapprocher. En effet, l’homme, pour réparer une faute, ou pour exprimer sa reconnaissance envers D.ieu, venait offrir un sacrifice. Si c’était à la suite d’une faute, on comprend aisément que s’étant momentanément éloigné de D.ieu, le sacrifice offert de réparation lui permettait à nouveau de se rapprocher.
L’intention de ce verset d’introduction à l’ensemble du Livre nous paraît être la suivante : « Lorsqu’un homme parmi vous sera porté à offrir une offrande, ce sera à D.ieu. Pourquoi cette précision ? Nous savons que depuis les premières générations de l’histoire humaine, existait un comportement religieux du culte de l’offrande. Nos patriarches nous en ont donné des exemples, et bien avant eux, NOE lui-même, à sa sortie de l’arche. Désirant dépasser les temps des idolâtries, la Torah a fini par une sorte de concession, à n’admettre que des sacrifices destinés à D.ieu seul.
Cette exhortation à ne nous tourner que vers D.ieu garde toujours une grande actualité. Jusque dans les temps les plus modernes, un grand nombre d’idolâtries sont masquées par des « idéaux ». Entre les deux termes, on peut aisément déceler une filiation. On a pu se rendre compte que les sociétés humaines ont eu tendance à privilégier une valeur sollicitant la conscience de l’homme, pour finir par l’ériger en absolu, sans que cela donne satisfaction à ses recherches. Du même coup, on perdait de vue l’Unité du Nom de Celui qui est D.ieu, que nous sommes chaque jour invités à proclamer par le premier verset du CHEMA ISRAËL.
Mentionnons à cet égard les verset suivant : « Celui qui sacrifiera à une divinité sera frappé d’interdit. » (Exode XXII, 19) Cela s’applique de toute évidence à nos sociétés contemporaines qui génèrent parfois des idolâtries. La société juive n’en a pas toujours été exempte. On peut donc comprendre combien il était important qu’au début du livre de VAYIKRA, il ait fallu insister sur le principe absolu du monothéisme hébreu : seul le D.ieu Un, qui révèle Son Nom comme garant de l’unité des valeurs, doit être Celui à qui nous réservons notre culte.
On peut s’étonner que cet enseignement nous ait été transmis par MOÏSE, sans que notre liturgie ne fasse allusion à son nom. Pourtant la Torah nous est parvenue grâce à lui. Mais au risque de paraître ingrats à son égard, la Tradition d’ISRAËL n’y fait aucune référence. Nous ne prions jamais en nous adressant au D.ieu de MOÏSE, alors que nous nous adressons au D.ieu des Pères, ceux qui ont été à l’origine de la nation hébraïque, puisque leur nom est mentionné dans la prière par excellence appelée la AMIDAH ou les Dix-Huit bénédictions, lorsque trois par jour nous disons : « D.ieu de nos pères, D.ieu d’ABRAHAM, D.ieu d’ISAAC et D.ieu de JACOB ». Nous n’idéalisons pas un maître exemplaire comme s’il s’agissait d’une idole pour ses disciples de venus ses fidèles.
Nous révérons D.ieu qui s’est révélé par l’intermédiaire de MOÏSE, sans que son rôle de médiateur ne fasse l’objet d’une divinisation. Nous voyons là toute la différence avec d’autres personnages de l’Histoire dont la liste serait trop longue à citer, mais avaient toujours voulu marquer leur passage en s’attribuant toutes sortes de titres, relevant très souvent de la pure mégalomanie.
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